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Oct

Le long chemin de la paix

Deux de nos étudiantes ont eu la chance d’intervenir aux côtés de deux Prix Nobel de la Paix : M. le Docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018 et Mme Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015, représentante du Quartet tunisien du dialogue national, à l’occasion de la conférence « Le long chemin de la paix » organisée par le Rotary.

Alice et Megan sont intervenues autour du thème « La force des femmes » avec une analyse géopolitique des violences sexuelles liées au terrorisme. Voici leur discours :

Titre : Violences sexuelles : Analyse géopolitique et propositions dans le domaine du terrorisme

            Comment réussir à combattre un fléau qui n’épargne aucune origine et aucun âge ? Je vous le demande, et me questionne. Viol et violences sexuelles : voici des mots lourds de sens et d’histoire, considérés parmi les pires armes de guerres.

Abordons ensemble ce premier mot teinté de rouge : le viol. Comment l’appréhender ? Le combattre ? Alors que sa massivité, sa répétitivité, son caractère collectif ou encore opportuniste, ne font qu’illustrer les nombreux conflits qui ensanglantent notre monde et le déchire. Le viol systématique, comme l’a dit Philippe Rousselot dans son article scientifique ‘Le viol de guerre, la guerre du viol’, comporte une dimension intemporelle puis qu’étant un phénomène perpétuel, déjà présent en 1937 pendant le Sac de Nankin, mais également pratiqué près d’un siècle plus tard par l’armée birmane sur les femmes Rohingyas, où encore de nos jours en Ukraine.

Et puis maintenant trois autres mots : les violences sexuelles. Comment les concevoir ? Comment les concevoir puisqu’elles dépassent le cadre de la guerre, étant ancrées au sein des réalités historiques et traditionnelles d’un peuple. Face à des pratiques comme l’excision que l’on retrouve notamment dans de nombreux pays d’Afrique, il faut nous faut encourager un combat permanent, à l’image du Dr Mukwege.

Les violences sexuelles et viols ont longtemps demeurés des crimes impunis et ce sont probablement le traumatisme des crimes perpétrés en ex-Yougoslavie et au Rwanda qui a insufflé à la fin du XXe siècle une réactualisation du droit pénal international, où les notions de consentement et de coercition ont été adapté aux circonstances de la guerre. Seulement, il faut en faire davantage. Les institutions internationales doivent se mettre à la page, lutter au quotidien contre les discriminations et les violences faites aux femmes. Par conséquent, il est très important de réfléchir sur les possibles stratégies et ressources pour y mettre fin.

                L’une des principales stratégies visant à éliminer toute forme de discrimination fondée sur le sexe et le genre et à lutter contre les violences faites aux femmes, est l’intégration d’un approche intégrée de la dimension de genre (le Gender Mainstreaming): cette perspective a donc pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques

Le gender mainstreaming est une approche transversale, c’est-à-dire une approche qui s’applique à tous les domaines politiques (ex : Emploi, Affaires sociales, Finances, Santé, Mobilité, Justice,…).

Une politique qui intègre cette dimension de genre est une politique dans la quelle on a examiné de manière comparative la situation des femmes et des hommes concernés, on a identifié les éventuelles inégalités entre les sexes, et on a cherché à les réduire ou à les éliminer. Cette stratégie a été convenue au niveau international lors de la quatrième Conférence internationale sur les femmes, tenue à Beijing, et a ensuite été adoptée par l’Assemblée générale en tant que politique à l’échelle des Nations Unies. Quand on aborde plus spécifiquement la question de terrorisme ou des violences politiques, le gender mainstreaming contribue à apporter des informations essentielles qui permettent de mieux cibler les mesures de prévention et donc, à terme, à les rendre plus efficaces.

Selon le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, l’intégration de la dimension de genre dans la lutte contre l’extrémisme violent repose sur la compréhension des bénéfices du gender mainstreaming ; il améliore la conception des actions de lutte contre l’extrémisme violent car il veille à ce que ces efforts tiennent compte des différentes manières dont les femmes et les filles sont impliquées dans l’extrémisme violent.

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