5
Mai

[PRESS ARTICLE] Maillard S., Chopin T., Macek L. et Rupnik J., L’Europe d’après. Pour un nouveau récit de l’élargissement, Esprit, 5 mai 2020

L’adhésion des pays des Balkans à l’Union européenne ne représenterait pas tant un élargissement qu’une unification de l’Europe, conforme aux principes fondateurs de la construction européenne. Si l’Europe veut peser dans les affaires du monde, l’intégration doit se poursuivre.

La pandémie du coronavirus et ses lourds dégâts humains et économiques sur notre continent ont plongé l’Union européenne dans une de ses nouvelles crises existentielles, où l’avenir semble se dérober sous les pieds de ce projet initié il y a tout juste 70 ans. Pourtant, le dessein d’unir l’Europe suit sa course, même en cette période. Les désaccords entre les Vingt-Sept au fil de leurs successives visioconférences de crise ne les ont pas empêchés, en marge, d’ouvrir les négociations d’adhésion à l’Union avec l’Albanie et la Macédoine du Nord. Le sommet UE-Balkans, prévu de longue date, est maintenu au plus haut niveau, en mode virtuel, le 6 mai. Et les négociations d’adhésion pourraient officiellement démarrer avant la fin de l’année selon une nouvelle méthodologie.

Élargir d’un côté, en protégeant l’édifice du péril de l’autre, pourrait paraitre décalé sinon contradictoire s’il ne s’agissait d’un même effort de consolidation du projet européen. Ou plutôt de refondation, à laquelle la présente crise invite déjà à penser. Réinventer l’Europe d’après, projeter une Europe plus souveraine et autonome à l’égard d’autres puissances ne peut faire l’économie d’une réflexion sur l’échelle pertinente de son intégration et donc sur l’élargissement. Au contraire, ce processus, déjà contrecarré par le Brexit, mérite d’être expliqué au grand jour, remis en perspective et même renommé. L’entrée de nouveaux membres dans l’Union n’est ni acceptée, ni comprise des opinions, notamment en France. L’élargissement doit s’accompagner d’un récit politique. Sa meilleure acception requiert le dépassement de conceptions profondément erronées mais très ancrées ainsi qu’une connaissance plus fine de « l’Est » et des Balkans et de leurs manières d’appréhender ce qui, avant tout, représente une entreprise d’unification de l’Europe, que le coronavirus ébranle mais auquel il pourrait aussi redonner une légitimité.

Accéder à l'article complet

X